Y a-t-il une prise en charge particulière des métastases métachrones
survenant mois de 5 ans ou plus de 5 ans après la tumeur primitive ?
Juliette Reure et Thomas Bachelot
Département de Cancérologie Médicale, Centre Léon Bérard
28 rue Laënnec, 69373 LYON cedex 08
Le cancer du sein métastatique est une maladie hétérogène combinant, d’une part, des
maladies à progression rapide avec localisations viscérales, résistantes à
l’hormonothérapie et/ou à la chimiothérapie avec une survie de moins d’un an et, à
l’opposé, des maladies indolentes, avec lésions osseuses, sensibles à l’hormonothérapie
et à la chimiothérapie avec plusieurs années de survie correctes. Entre ces deux
extrêmes, toutes les formes d’évolution et de sensibilité aux traitements sont possibles.
Jusqu’à ce jour les médianes de survie globale, pour les stades métastatiques, sont
comprises entre 18 et 30 mois dans la plupart des cohortes [1-3].
Les facteurs pronostiques usuellement retenus sont: l’intervalle libre sans maladie par
rapport au traitement adjuvant, le statut des récepteurs hormonaux, les sites de la
maladie métastatique, le volume de la maladie métastatique, le performance status
et les
comorbidités, le statut HER2 et la réponse au premier traitement (hormonothérapie et/ou
chimiothérapie) [3-4].
L’intervalle libre
entre le traitement initial et l’apparition de la première métastase
est donc
un des éléments à prendre en compte. Plus l’intervalle libre entre la tumeur initiale et la
survenue de la maladie métastatique est long, meilleur sera le pronostic [5].
Néanmoins après avoir pris en compte le statut HER2 et ER de la tumeur, il n’existe
aucun standard mais seulement des recommandations de prise en charge.
La chimiothérapie première est généralement proposée aux patientes ayant une maladie
hormonorésistante ou rapidement évolutive (intervalle libre < 1 ou 2 ans) [6,7]. Pour ce
qui est du type de chimiothérapie, il a été suggéré d’adapter la stratégie aux agents
préalablement reçus et à l’intervalle libre avant la progression métastatique [8]:
Le traitement anti-hormonal est lui recommandé en cas de maladie métastatique n’ayant
pas de menace vitale et/ou symptomatique majeure immédiate [6]. Au-delà de
l’expression de RE et RP, d’autres facteurs prédictifs de réponse à une hormonothérapie
en phase métastatique ont été identifiés. Parmi ces facteurs, l’intervalle libre depuis le
diagnostic initial est à prendre en compte. Si l’évolution métastatique a lieu dans les 5 ans,
le taux de réponse aux traitements anti-hormonaux est de 30 à 42%. Si celle-ci a lieu
après 5 ans, ce taux atteint 56%. On notera néanmoins que ces chiffres, bien que