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          La douleur est un symptôme rencontré fréquemment en pratique clinique puisqu’il concerne 53 %
        
        
          des patients cancéreux, tous stades confondus, 64 % des patients métastatiques et 58 % des patients
        
        
          métastatiques d’un cancer du sein.
        
        
          L’étiologie est multifactorielle. D’une part, elle peut être en rapport avec l’évolution locorégionale ou
        
        
          à distance de la maladie, occasionnant souvent des douleurs nociceptives et/ou neuropathiques.
        
        
          Les traitements anticancéreux sont aussi pourvoyeurs de symptômes douloureux, essentiellement de
        
        
          nature neuropathique.
        
        
          Dans ce contexte métastatique, il s’agit d’une douleur qui s’affiche dans le temps et en tant que
        
        
          soignant, on ne peut pas appréhender une douleur chronique comme une douleur aigue qui dure :
        
        
          toutes les composantes de la vie de la patiente sont concernées, que ce soit physique,
        
        
          psychologique, social et familial. Ses repères changent,  faisant appel à des facultés d’adaptation de
        
        
          sa part et de celle de ses proches.
        
        
          Cette situation dans le cancer du sein dure des mois, voire des années et elle se vit le plus souvent en
        
        
          ambulatoire. Il est donc nécessaire d’aider la personne à être le plus autonome possible, notamment
        
        
          dans la gestion de ses traitements antalgiques.
        
        
          La douleur cancéreuse peut avoir de nombreuses présentations cliniques en termes de description,
        
        
          de cinétique, de physiopathologie. Elle est caractérisée par son intensité et son facteur instable, avec
        
        
          des variabilités importantes d’échelle numérique chez un même patient. Elle est souvent
        
        
          insomniante et nécessite à un moment ou un autre, la prise d’opiacés. On observe souvent des Accès
        
        
          Douloureux Paroxystiques (ADP), qui sont caractérisés par une augmentation rapide, en quelques
        
        
          secondes ou minutes, de l’intensité de la douleur et qui durent au maximum 1 h 30. Ces accès
        
        
          peuvent être provoqués par des phénomènes précis (miction, déglutition, pansement, …) ou
        
        
          totalement imprévisibles. Il est vraiment essentiel pour le thérapeute de bien analyser la douleur : sa
        
        
          cinétique, son type, ses horaires… pour adapter le traitement au mieux.
        
        
          Les morphiniques soulèvent souvent des peurs chez nos patients qui doivent les exprimer pour que
        
        
          nous puissions les rassurer. Il est essentiel qu’ils comprennent bien la manipulation des traitements
        
        
          pour qu’ils se les approprient et arrivent à gérer en autonomie leur traitement. La notion de
        
        
          prévention de la douleur avec la forme LP, amène souvent des réticences au début et nécessite des
        
        
          explications, ainsi que la gestion en anticipation avec la forme à libération immédiate.
        
        
          Le traitement des ADP a beaucoup évolué ces dernières années avec l’avènement des Fentanyl
        
        
          transmuqueux indiqués dans ce type de paroxysme douloureux. De nombreuses spécialités sont
        
        
          arrivées sur le marché avec une absorption par la muqueuse buccale ou nasale.
        
        
          La titration de cette molécule s’effectue toujours par le plus petit dosage quelle que soit la dose
        
        
          d’équivalent en morphine orale du traitement de fond de la patiente. Cet équivalent en morphine
        
        
          orale doit être au minimum à 60 mg par jour pour pouvoir utiliser le Fentanyl transmuqueux (HAS).
        
        
          Le traitement des douleurs neuropathiques est généralement débuté en monothérapie, soit par
        
        
          antiépileptique ou tricyclique ou certains autres antidépresseurs, à dose progressive. Ces molécules
        
        
          peuvent être associées si nécessaire dans un second temps.
        
        
          A l’heure actuelle, la prise en charge de la douleur chronique du cancer fait appel à de multiples
        
        
          alternatives thérapeutiques, notamment dans l’approche de la douleur de métastases osseuses. Il est
        
        
          donc essentiel de favoriser une réflexion multidisciplinaire pour aboutir à un choix thérapeutique le
        
        
          plus adapté possible.