Traitements médicaux des patientes avec une fonction hépatique altérée
Séverine Guiu
Les patientes porteuses d’un cancer du sein avec des métastases hépatiques ont fréquemment
une altération de leur fonction hépatique sous forme d’une cytolyse (élévation des
transaminases sériques) et / ou d’une cholestase (augmentation de la bilirubine conjuguée
sérique, des phosphatases alcalines et des
γ
GT). En premier lieu une autre cause que la
dissémination métastatique hépatique doit être éliminée, surtout en cas de facteur de risque
sous-jacent (alcoolisme, hépatites virales, traitements associés, lithiase…).
Beaucoup de traitements anti-tumoraux subissent un métabolisme hépatique et de ce fait
nécessitent une adaptation de leur posologie ou ne peuvent être administrés. Ceci est le cas
des principales molécules cytotoxiques comme les taxanes, les anthracyclines, la navelbine,
l’éribuline. La prescription des anticorps monoclonaux tels que le trastuzumab et le
pertuzumab, administrés en cas de tumeur HER2-positive, n’est pas influencée par le bilan
hépatique. Il n’en est pas de même avec les inhibiteurs de tyrosine kinase comme le lapatinib
où le bilan hépatique doit être monitoré avant et pendant le traitement. De même, le T-DM1,
combinant une drogue cytotoxique et du trastuzumab, est connu pour entraîner une
augmentation des concentrations des transaminases sériques et de ce fait doit être utilisé avec
précaution en cas de fonction hépatique altérée. Par ailleurs des troubles hépatobiliaires
graves, incluant des cas d’hyperplasie nodulaire régénérative du foie, ont été rapportés avec le
T-DM1. Son utilisation n’a pas été étudiée chez les patients ayant des transaminases sériques
> 2,5 fois la normale ou une bilirubine totale > 1,5 fois la normale avant l’initiation du
traitement.
La capécitabine (pro-drogue du 5-fluorouracile) et le 5-fluorouracile peuvent être administrés
en cas de perturbation du bilan hépatique. Des schémas associant le cisplatine et le 5-fluoro-
uracile en perfusion sur plusieurs jours ont été décrits avec des taux de réponse intéressants, et
notamment en cas d’atteinte métastatique hépatique majeure et de cholestase (1, 2). Un autre
schéma associant de l’étoposide, de la mitomycine et du méthotrexate à faibles doses semble
également envisageable dans de telles conditions (3).
Enfin, devant l’aggravation rapide du bilan hépatique après une réponse initiale au traitement
et l’apparition de signes d’insuffisance hépatocellulaire et / ou d’hypertension portale